La recette Mulroney - Le Journal de Québec

Dans un discours au Congrès des États-Unis en 1988, Brian Mulroney s’inquiétait de ce qu’on puisse penser « d’une génération de Nord-Américains qui a trouvé un moyen d’explorer les étoiles, mais qui a permis aux lacs et aux forêts de dépérir et de mourir » sous les pluies acides.

Trente ans plus tard, il est « temps qu’une nouvelle génération de leaders se pose la même question sur le réchauffement climatique », a-t-il lancé la semaine dernière dans une allocution devant la Société géographique royale du Canada, en y recevant son prix. 

Le message visait tous les leaders politiques du jour, y compris (surtout ?) le chef conservateur Erin O’Toole.  

Virage contesté

Car M. O’Toole mène le combat politique de sa vie dans la foulée des élections fédérales.

Plusieurs dans son parti ne digèrent pas son virage vers le centre, entre autres avec l’adoption d’une forme de tarification du carbone très imparfaite qui a fini pas déplaire à tout le monde.  

M. Mulroney offre ce message à M. O’Toole : tiens bon, et va encore plus loin !  

« L’environnement, c’est un défi pour le Parti conservateur », m’a confié l’ex-premier ministre il y a quelques jours. 

« Ça va prendre une politique plus ouverte et transparente dans le domaine de l’environnement pour convaincre les électeurs que le Parti conservateur a vraiment changé. »  

« M. O’Toole a essayé énormément d’avancer le parti dans ce domaine, mais il n’était pas seul dans le caucus et le parti. Il y en a plusieurs qui avaient des hésitations et des oppositions à cela. Il a fait un gros travail, mais de toute évidence, c’était insuffisant, pour l’instant. » 

Une seule avenue possible

Le leadership d’Erin O’Toole est fragile.  

Les purs et durs de l’Ouest se sentent trahis par son recentrage, tandis que les progressistes de l’Est s’impatientent devant l’intransigeance de ceux qui leur coûtent à leur avis la victoire.  

Pour Brian Mulroney, le chemin vers le pouvoir est clair : au centre, en renouant fermement avec les progressistes. 

« J’ai gagné deux gouvernements majoritaires. M. Harper, qui venait du Reform Party, a dû changer son fusil d’épaule lorsqu’il est devenu chef du Parti conservateur. Il a changé modestement son attitude et ses politiques justement pour composer avec la réalité politique. On ne peut pas se faire élire si on n’est pas au centre », tranche M. Mulroney, aujourd’hui âgé de 82 ans. 

La balle est maintenant dans le camp d’Erin O’Toole, qui a du pain sur la planche. 

Un chef affirmé ?

S’il est sérieux dans sa démarche, O’Toole devra dompter des factions peu habitées aux compromis : les antivaccins, les antiavortement, ceux qui sont peu soucieux des effets des changements climatiques.

O’Toole a offert un ultimatum à ses députés non vaccinés, qui seraient selon mes informations dix ou quinze. 

Le chef a affirmé cette semaine que tous ses députés qui pénètrent dans le Parlement seront doublement vaccinés comme le veulent les règles, tout en réaffirmant qu’il souhaite un retour en personne à la Chambre des communes. Une position qui a pour effet de mettre hors jeu ces députés réfractaires à la vaccination. 

Selon plusieurs dans l’aile progressiste, il est temps qu’O’Toole ne permette plus à ses députés d’arrière-ban de déposer des projets de loi rouvrant le débat sur l’avortement, qui sont de toute façon voués à mourir. 

De futiles distractions, selon eux.

« Il doit faire le ménage et mettre au pas les extrémistes », me résume une source conservatrice. 

Des tests à venir

Les prochaines semaines donneront un indice de l’état d’esprit du chef. 

Comment réagira-t-il aux positions libérales en marge de la COP26, la Conférence sur les changements climatiques organisée par l’ONU, qui commence aujourd’hui ? 

Qui nommera-t-il dans sa garde rapprochée et dans son cabinet fantôme ? Quelle place auront les progressistes dans son équipe ? 

Aura-t-il le courage de dégommer Richard Martel, qui n’a pas su livrer la marchandise en tant que lieutenant du Québec ? 

Ce sont là ses premiers vrais tests de leadership. 

O’Toole a planté les graines du progressisme, avec des résultats mitigés. Les conservateurs ont perdu quelques sièges, mais ont augmenté leur nombre de votes dans les régions clés du Québec et de l’Atlantique. C’est bon signe.

Brian Mulroney plaide la patience. O’Toole a droit à une seconde chance. 

Aura-t-il le courage d’assumer pleinement l’héritage de son lointain prédécesseur ?

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